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Les luttes traditionnelles

La lutte est présente sur tous les continents (210 pays) dans ses différentes formes traditionnelles. C’est le 5ème sport le plus pratiqué au monde.

La lutte appartient aux disciplines sportives les plus anciennes et ses origines se confondent avec celles de l’humanité. Le combat de lutte a toujours été une démonstration de courage et a joué un rôle fondamental dans l’éducation au sein des civilisations perses, égyptiennes et grecques.

Elle semble être une pratique inhérente à l’homme tant son principe et sa mise en œuvre sont simples. Ainsi, d’innombrables formes de luttes traditionnelles se sont développées aux quatre coins du monde, avec pour chacune d’entre elles des finalités spécifiques. Il paraît donc difficile, voire impossible d’en dresser une liste exhaustive car chaque civilisation, chaque communauté, chaque ethnie, chaque tribu a développé son propre système de combat et ses propres règles.

Les formes de luttes traditionnelles présentent généralement des règlements simples, adaptés à l’environnement et aux conditions sociales, définissant un lieu de pratique, des conditions d’intervention et une tenue vestimentaire.

Toutes les luttes traditionnelles présentent généralement des règlements simples, adaptés à l’environnement et aux conditions sociales, définissant un lieu de pratique, des conditions d’intervention et une tenue vestimentaire.

Chaque ethnie, chaque peuple peut revendiquer une forme de lutte dont nous donnons ci-après quelques exemples :

Lutte japonaise, Sumo | Luttes turques, les Gûres | Luttes nigériennes | Luttes indiennes | Luttes russes |
La lutte suisse : la lutte à la culotte | La lutte togolaise : l’Evala | La lutte écossaise : le back-hold | La lutte bretonne : Le Gouren

Lutte japonaise, Sumo

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Le sumo déjà présent à travers des récits mythologique du VIIIème siècle s’apparente à des formes de luttes venues de Corée et de Chine. A l’origine rite divinatoire pratiqué au moment des fêtes villageoises et faisant partie des offrandes aux divinités du culte shinto, il fut introduit à la cours impériale au Xème siècle avant d’être repris par les guerriers qui y puisèrent des techniques de combat. C’est au cours de la Période Tokugawa (1603 – 1867) que sont instituées les caractéristiques qu’on lui connaît aujourd’hui : l’aire de combat de forme ronde et le système des arbitres. C’est au début du XXème siècle que le sumo sera élevé au rang d’art national.

Lieu de pratique
Le combat se déroule dans un cercle de 4.50 m de diamètre, il se construit aussi à la campagne des arènes plus ou moins grandes bordées de sacs de riz. A l’extérieur, la surface est constituée de terre battue à l’intérieur d’un tapis recouvert d’une bâche.

Tenue vestimentaire
Les lutteurs sont pieds nus et portent uniquement des bandages de soie qui leur passent par l’aine, ils ont les cheveux longs coiffés sur la nuque en natte.

Conditions d’intervention
Les lutteurs sont en posture basse, poings contre le sol, se fixent des yeux avant d’engager le combat. Les prises s’effectuent avec les bras, sur le haut du corps, bandage compris, ou bien jambe sur jambe. La lutte au sol n’existe pas.
La victoire est attribuée au lutteur qui amène son adversaire à toucher le sol avec une partie du corps autre que les pieds ou le pousse hors du cercle.

LUTTES TURQUES : LES GÜRES

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La lutte est le sport national des turcs depuis les premiers âges de l’histoire. Pour les turcs anciens, lutter était une tradition, ils ne donnaient pas leur fille en mariage à l’homme qui ne montait pas à cheval et qui ne luttait pas …

La lutte à l’huile exige une très grande rapidité, de l’agilité, et de la résistance, elle est par ailleurs accompagnée de serments et de prières.

Lieu de pratique
On distingue la Yagli Güres et la Karakusak Güres dont les combats se déroulent à l’extérieur sur de grandes surfaces de pelouse constituent des arènes d’au moins 30 mètres sur 30.

Tenue vestimentaire
Dans la Yagli Güres, les lutteurs portent le kisbet, un pantalon en peau de bouc ou de veau pouvant être retenu par un ceinturon et s’enduisent le corps d’huile.
Dans la Karakusak Güres ils sont vêtus d’une veste et d’un pantalon court en chevreau.

Conditions d’intervention
La Yagli Güres permet l’exécution des prises sur l’ensemble du corps mais le plus souvent au-dessus de la taille, dans la lutte à terre les prises de ceinturon et du pantalon sont autorisées tout comme les prises avec les jambes. La Karakusak Güres permet les prises de vêtements donnant la possibilité d’appliquer de nombreuses prises.
Le vainqueur est celui qui amène son adversaire sur le dos ou sur une épaule.
La victoire peut être également obtenue après avoir effectué trois pas avec l’adversaire soulevé de terre.

LUTTES NIGÉRIENNES

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Les concours de luttes sont organisés pour célébrer la rentrée de la récolte ou selon un calendrier sportif. Lors des championnats du pays, toutes les ethnies sont au rendez-vous. Les tambours, les grios, et les tchalis accompagnent chaque lutteur. Le grio chante et invective les lutteurs pendant toute la durée des combats, accompagné par les tambours. Les tchali tchalis, bouffons ou pitres, miment les combats qui viennent de se dérouler en amusant la foule. Les luttes traditionnelles africaines jouent un rôle important dans l’éducation et l’intégration sociale.

Lieu de pratique
Les combats se déroulent sur la terre. Le terrain de lutte est recouvert de sable et forme un cercle de neuf mètres de diamètre. Il est délimité par des piquets attachés par une corde et par des sacs de sable.

Tenue vestimentaire
Les lutteurs sont revêtus du walki, tunique de peau de chèvre qu’ils agrémentent de toutes sortes de grigris. Les grigris autour du cou sont autorisés en compétition et l’adversaire n’a pas le droit de les arracher, s’ils tombent l’arbitre peut interrompre le match pour permettre au lutteur de les remettre en place.

Les récompenses que reçoivent les vainqueurs sont importantes. A côté des prix en nature tels des matelas, huile, savons… Les gains financiers apportés par les notables sont considérables, le vainqueur reçoit également le turban, le boubou et le sabre du champion.

LUTTES INDIENNES

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La lutte traditionnelle indienne perpétue une tradition où chaque combat est une quête spirituelle. Les lutteurs de tous les âges se retrouvent sans considération de caste, fils de bonne famille, paysans modestes, commerçants… La lutte apparaît alors comme une anomalie dans une société où les contacts physiques sont rarissimes. La force physique n’est pas ici une fin en soi mais un moyen pour parvenir au contrôle des muscles et de l’âme.

Lieu de pratique
Les lutteurs s’entraînent dans l’akhara, l’arène sacrée. La surface de combat est constituée d’une terre douce et épaisse nourrie de lait et d’huile parfois parfumée symbolisant la « terre mère » .

Tenue vestimentaire
Les lutteurs sont revêtus d’un simple pagne.

Conditions d’intervention
Les saisies bras sur jambes et jambes sur jambes sont permises. Le combat se déroule également au sol.

Dans l’akhara, le «  jor «  est le combat délivré pour l’exercice du corps et de l’esprit. A chaque attaque, répond un mouvement défensif. Les lutteurs à la fin de l’entraînement se couvrent le corps et la tête de terre pour sécher la sueur et éviter de se refroidir trop vite. Ce cérémonial de relaxation est complété par des massages pour soulager les muscles mais aussi exprimer le respect mutuel.

Lorsque les lutteurs quittent l’akhara, pour se retrouver sur l’arène extérieure, le combat rituel devient compétition. Les lutteurs se baignent avant et après les tournois ou «  dungal «  avant pour se purifier, après pour éliminer les impuretés nées du combat.

LUTTES RUSSES

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Il existe une variété importante de luttes traditionnelles russes, comme par exemple les luttes en Yakoutie et en Backhirie.

Lieu de pratique
La lutte se déroule sur l’herbe et parfois même sur la neige.

Tenue vestimentaire
Les lutteurs portent des pantalons et vestes traditionnelles et des chaussures souples.

Conditions d’intervention
La victoire s’obtient en projetant l’adversaire sur le dos, la hanche, le ventre, les fesses. Il est interdit d’accompagner l’adversaire dans la chute ou de toucher le sol.

LA LUTTE SUISSE : LA LUTTE À LA CULOTTE

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Les racines de la lutte en Suisse ne peuvent être clairement déterminées. La formule allemande Ringen und Schwingen, rencontrée fréquemment dès la Réforme protestante, indique que l’on distingue deux formes de lutte dans l’ancienne Confédération suisse. Si la saisie de l’adversaire par les habits, typique du Schwingen, apparaît déjà sur des illustrations du XIIIe siècle (comme sur un relief de la cathédrale de Lausanne), la lutte à la culotte en tant que forme spécifique de la culture des bergers d’alpage n’est attestée que depuis le XVIIe siècle environ.

Dans la Suisse centrale et sur le Plateau suisse, surtout dans les Préalpes, le Hosenlupf fait partie intégrante de la culture festive. De nombreuses ordonnances et interdictions officielles témoignent de l’existence de rencontres annuelles où s’affrontent les représentants de différentes communautés. Un renouveau de la lutte suisse a lieu avec la première Fête d’Unspunnen organisée en 1805, à un moment où la Suisse souffre de la domination française. L’occasion de cette fête est alors explicitement de développer la conscience nationale. Dans le dernier tiers du XIXe siècle, des fêtes de lutte mémorables et la pratique croissante de la gymnastique étendent la pratique de la lutte dans les villes et les régions de plaine. Ainsi, la lutte devient un sport national touchant toutes les couches de la population. Malgré cette extension vers les zones urbaines, la lutte suisse figure toujours parmi les traditions les plus populaires des zones rurales des Préalpes alémaniques.

Lieu de pratique
La lutte suisse se pratique sur un « rond de sciure », une surface circulaire de sept à quatorze mètres de diamètre recouverte de 23 m3 de sciure de bois sur quinze centimètres d’épaisseur. Le nombre de ronds dépend de la taille de la compétition : les fêtes régionales comptent quatre à cinq ronds alors que la Fête fédérale de lutte suisse en compte sept. Le rond de sciure doit être constamment humidifié pour éviter que les particules de bois ne s’envolent et dérangent les lutteurs, les compétitions se déroulant en plein air. Il est aussi salé pour obliger les lutteurs à recracher la sciure qu’ils pourraient avaler lorsqu’ils sont au sol.

Tenue vestimentaire
La lutte suisse se pratique avec une culotte en toile de jute, sorte de bermuda large avec une partie basse retroussée (« canons »), munie d’un ceinturon et portée sur les vêtements.

Conditions d’intervention
Au début d’une passe (combat), les lutteurs se saluent en se serrant la main, puis prennent la position de départ qui consiste à empoigner du ceinturon de l’adversaire avec la main droite, au niveau du dos, et à agripper son canon droit avec la main gauche. Les lutteurs se mettent ensuite en place pour la passe en collant leur menton sur l’épaule de l’adversaire. Contrairement à la lutte gréco-romaine, ils doivent toujours avoir une prise sur la culotte de leur adversaire. Ils essayent alors de le jeter à terre, les omoplates ou les trois quarts du dos plaqués au sol. Une cinquantaine de mouvements sont possibles — portant des noms tels que Kurz, Übersprung, Brienzer,Hüfter, Buur ou Wyberhaagge — et se divisent entre la technique debout et la technique au sol.La passe se termine par la victoire de l’un des deux lutteurs ou à la fin du temps règlementaire (variable selon la compétition) ; il est déclaré nul (gestellt) dans ce dernier cas. Après la fin de la passe, le gagnant ôte traditionnellement la sciure accrochée sur le dos du perdant.

LA LUTTE TOGOLAISE : L’EVALA

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Evala est une forme de lutte traditionnelle dont la finalité consiste à renverser son adversaire et qui se déroule chaque année à Kara, au Togo. Les combats se déroulent par équipe de 5 jeunes hommes de 18 à 20 ans. Les techniques semblent assez peu structurées. Chaque combat se termine par la victoire du concurrent ou par un nul à la limite du temps de combat. Aucun classement final n’est établi, seul subsiste le comportement valeureux des lutteurs. Evala est la toute première initiation à la vie d’homme de l’adolescent Kabiyé.

Avant d’être soumis à ces rites, les jeunes sont longtemps préparés psychologiquement et physiquement. En pays Kabyè, un jeune qui se dérobe à cette initiation subit des représailles des sages, de ses parents et de la société entière. Il est en quelque sorte exclu de la communauté. La finalité première de cette opération est d´habituer le jeune à l’endurance, au courage et au stoïcisme. L’aspect culturel de l’évènement est rehaussé par les sacrifices que l’adolescent doit consentir : jeûne, abstinence sexuelle et les scarifications qui sont les signes extérieurs du guerrier. L’aspect traditionnel de la cérémonie se révèle par la présence des sages de la communauté. Ce sont ces sages qui veillent au respect des règlements, assurant la direction et l’arbitrage des tournois. Les dates auxquelles se tiennent les cérémonies sont fixées par la consultation des oracles suivi de l’autorisation accordée par le grand prêtre appelé «  Tchodjo « . Après les luttes, les prêtres traditionnels font une tournée dans les lieux sacrés pour remercier les ancêtres d’avoir permis la cérémonie.

LA LUTTE ÉCOSSAISE : LE BLACK HOLD

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Le back-hold a pour origine les jeux qui opposaient entre eux les guerriers Scotts ou encore les Brittons et sans doute les Vikings au Moyen Âge. Au XVIIIe siècle et XIXe siècle le back-hold était un sport très populaire. Les grandes épreuves attiraient la foule (le championnat d’Angleterre en 1851 était doté d’un prix de 300 livres et attira 10 000 personnes). Une association administrant le back-hold fut formée en 1907 en Angleterre, afin de réglementer les tournois et imposer une éthique sportive. Ce sport est considéré comme l’un des plus anciens arts martiaux et est représenté sur croix et menhirs datant du VIIe siècle et VIIIe siècle.

Conditions d’intervention
Il s’agit d’une lutte debout uniquement dont l’objectif est de faire tomber son adversaire au sol sur n’importe quelle partie du corps. L’originalité de ce style vient de la position que doivent prendre les lutteurs. Ceux-ci sont tenus d’enlacer le corps de leur adversaire avec les mains bloquées dans le dos. Chacun des deux lutteurs pose son menton sur l’épaule droite de son adversaire et ensuite s’accrochent en mettant le bras gauche par-dessus le bras droit de l’adversaire. Lorsque les deux lutteurs sont en position, ils doivent attendre l’ordre de l’arbitre pour commencer le combat. Le premier qui touche le sol est déclaré perdant, à moins que son adversaire n’ait lâché les mains. Un arbitre et deux juges contrôlent le combat. La victoire est attribuée au lutteur qui remporte trois manches. Les brutalités sont interdites. Les lutteurs n’ont pas le droit de tirer ou pousser leur adversaire en dehors du tapis. Les ordres de l’arbitre : « On your guard! » (« En garde ! »), puis lorsque les deux lutteurs sont parfaitement immobiles : « Wrestle! » (« Luttez ! »).

Tenue vestimentaire
En Écosse, les lutteurs combattent pieds nus, en tricot sans manche et portent le kilt écossais. En Angleterre, les lutteurs sont en général en chaussettes et portent la tenue traditionnelle : tricot sans manche et short bouffant sur un collant. Des tenues plus modernes apparaissent actuellement.

LA LUTTE BRETONNE : LE GOUREN

L’origine du gouren ou lutte bretonne se perd dans les brumes les plus lointaines de l’histoire. Seule certitude, c’est que cette pratique guerrière devenue jeu des campagnes puis sport moderne est très ancienne.
Le gouren serait né d’un brassage culturel entre la lutte apportée par les Bretons et les Irlandais lors des migrations du IVème au VIème siècle et celle pratiquée par les Armoricains. La lutte bretonne a beaucoup de points communs avec le back hold présent dans le nord de l’Angleterre et l’Ecosse et surtout la lutte cornique que l’on trouve en Cornouailles britannique.

Le terme gouren est mentionné dès 1464 dans Le Catholicon, le tout premier dictionnaire trilingue où l’on peut lire : « gouren : lutter ; gourener : lutteur ».

Conditions d’intervention
Il s’agit d’une lutte pratiquée exclusivement debout dont le but est de mettre sur le dos son adversaire avant toute autre partie du corps. C’est ce que l’on appelle le « lamm » qui donne le gain immédiat du combat. Une autre spécificité du gouren, c’est que les mains agrippent uniquement dans la roched (la chemise en breton) et les jambes bien-sûr peuvent s’accrocher entre elles permettant de nombreuses techniques comme les barrages, les fauchages (taolioù gar), les balayages (taolioù skarzh) ou encore le fameux kliked (enroulé d’orteil autour du mollet de son adversaire) qui a forgé la réputation des lutteurs bretons et que certains chroniqueurs ou écrivains nommaient « croc en jambe » ou encore « jambette à la mode de Bretagne ».

La notion de respect de l’adversaire est primordiale. Le gouren a hérité de valeurs chevaleresques du Moyen Âge qui ont perduré au cours des siècles. Les lutteurs, aujourd’hui encore, prêtent serment avant chaque tournoi. On ne peut combattre sans avoir au préalable levé la main droite et juré « de lutter en toute loyauté, sans traîtrise et sans brutalité… » Chaque lutteur témoigne de sa sincérité par ce serment et s’engage à respecter la coutume des ancêtres. Commettre un fazi (une faute en breton) donne un avantage important à l’adversaire, avoir un comportement violent ou dire une parole injurieuse entraîne immédiatement le divrud (la disqualification en breton).

Deux saisons rythment le calendrier fédéral. Une saison d’hiver, en salle et sur pallenn (tapis en breton), qui se ponctue par le Championnat de Bretagne ainsi qu’une d’été en extérieur et sur sciure de bois jalonnée de neuf tournois à l’issue de laquelle le meilleur lutteur est récompensé par le Trophée Pierre Philippe et la meilleure lutteuse se voit remettre le Trophée Triskell.

47 ème édition - Grand prix de France Henri Deglane : DAMOUR Valentin

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